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Législatives 2024 : avec l'instabilité politique actuelle, les taux vont-ils grimper ?

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Catherine
Rédigé le 20 juin 2024
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À moins d’être resté coupé du monde dans une tiny house au fin fond des bois, vous n’êtes sans doute pas passé à côté de l’actualité politique française plus que mouvementée. Depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale et de l’organisation d’élections législatives anticipées, c’est le branle-bas de combat. Et côté marché immobilier, certains craignent déjà un impact négatif. Quel impact concret pour vous si vous avez un projet d’achat ? Faut-il s’inquiéter de voir les taux repartir à la hausse ? On démêle le vrai du faux.
Dans un marché de l’immobilier déjà marqué par l’attentisme ambiant, on peut dire que l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le chef de l’État, au soir des élections européennes, a eu les effets d’un mini-séisme. Et nombre d’acteurs du milieu pourraient aisément le dire, on n’avait pas vraiment besoin de ça.

Depuis le soir du 9 juin, le trouble règne sur l’avenir du pays. Et les acheteurs ne sont pas en reste. Car ça et là, on entend déjà la menace brandie : “les taux d’intérêts vont grimper”.

Un mot d’ordre asséné en premier lieu par le chef de l’État et sa majorité. Lors de la conférence de presse qu’il a tenue le 12 juin dernier, Emmanuel Macron l’a clamé haut et fort : “si le Rassemblement National venait aux responsabilités, que deviendraient vos prêts immobiliers ? Ils vont flamber, parce que les taux vont flamber”. Un message depuis martelé par plusieurs ministres, qui aurait de quoi faire paniquer bon nombre d’acquéreurs projetant de se lancer dans l’achat immobilier, et on le comprend. Mais est-ce vrai ?

OAT en hausse et incertitude de mise

Ce qui est réel, c’est que l’annonce de la dissolution a eu un impact direct sur les marchés financiers et sur le taux d’emprunt de l’État. Alors que l’OAT (voir l’encadré plus bas) se situait encore à 2,98 % le 5 juin, il est passé à 3,11 % le 14, avec un pic à 3,31 % le 11. “À la suite des élections européennes du 9 juin, des tensions réapparaissent sur les taux” a confirmé Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim).

Cette remontée de l’OAT 10 ans n’est clairement pas un bon signal, car cet indice sert de boussole pour les banques, qui fixent leur grille de taux en fonction. S’il augmente, les taux d’intérêt risquent de repartir eux aussi à la hausse. Mais en l’état actuel des choses, les professionnels du secteur se montrent moins alarmants que les politiques.

L’OAT, qu’est-ce que c’est ?
Si vous n’êtes pas un adepte des marchés financiers, cette notion peut vous sembler floue. L’Obligation Assimilable du Trésor (OAT) est un type d’emprunt que des investisseurs (banques, fonds d’investissement, particuliers) accordent à l’État. En échange, ce dernier s’engage à le rembourser avec intérêts. L’OAT 10 ans est fixé à 10 ans et permet à l’État français de financer ses besoins (dépenses publiques, infrastructures). Il est considéré comme un investissement relativement sûr car l’État est perçu comme un emprunteur fiable.

Entre les résultats des élections anticipées (qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains), la possible formation d’une coalition en l’absence d’une majorité claire, la nomination du prochain Premier Ministre, les Jeux Olympiques puis la traditionnelle pause estivale du secteur bancaire au mois d’août, il faudra réellement attendre la rentrée pour percevoir une direction claire.

D’ici là, les taux immobiliers ne devraient pas connaître de grosse évolution.

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Un scénario qui varie selon le parti au pouvoir

Rien de très surprenant, en pleine campagne, à voir certains politiques agiter la perspective d’une hausse des taux comme un épouvantail. Mais d’un point de vue plus objectif, quelles peuvent être les conséquences du résultat des élections sur le marché immobilier et sur les taux d’intérêts ?

Tout dépend du parti qui remportera le scrutin, et du programme du prochain gouvernement. Les marchés financiers sont peu friands d’instabilité, mais il faut noter que le parti actuellement au pouvoir pratique d’ores et déjà une politique ayant entraîné un déficit public assez marqué. Cette donnée est intégrée dans le niveau actuel de l’OAT.

Oui, l’arrivée d’une autre majorité au pouvoir avec un programme économique résolument différent pourrait avoir un impact, mais on peut aussi prévoir que ce nouveau gouvernement adapte ses mesures et son calendrier pour minorer le “choc” annoncé.

Sinon quoi, la principale crainte exposée, c’est qu’un programme accentuant fortement la dette publique cause une remontée importante du taux de l’OAT. Ce qui aurait pour conséquence de rendre le coût du refinancement des banques (soit le prix que les banques paient pour emprunter l’argent qu’elles prêtent ensuite à leurs clients) plus élevé, et de conduire par effet boule de neige à une hausse des taux d’intérêt.

Pas vraiment le genre de nouvelle que l’on souhaite pour le marché de l’immobilier, qui se remet tout juste de dix-huit mois de crise, et qui voit depuis janvier les signaux repasser doucement au vert. Petite consolation : le taux d’usure, qui se maintient à un niveau élevé, ne devrait pas se montrer bloquant, comme il l’avait été en 2022-2023.

Autre volet à étudier : la politique proposée par le prochain gouvernement pour relancer le marché de l’immobilier. On ne peut pas vraiment dire que les dernières mesures dévoilées par l’actuel ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, ou par Gabriel Attal, aient suscité l’approbation des acteurs du milieu.

La Fédération française du bâtiment n’a pas tardé à embrayer, après l’annonce de la dissolution, en lançant un appel aux politiques et en proposant une dizaine de mesures “essentielles” pour relancer l’activité du secteur de la construction. Elle a indiqué attendre de la nouvelle Assemblée “du sérieux, de la stabilité et de la constance”.

Nous appelons les candidats à la députation à prendre des engagements puissants en faveur du logement, sans chercher à opposer construction et rénovation des biens existants.
La Fédération Française du Bâtiment (FFB)

Vous l’aurez compris, il est encore trop tôt pour savoir quel avenir nous attend côté immobilier. D’ici là, quelle position adopter en tant qu’investisseur ou de particulier ? Acheter ou renoncer ?

Si votre projet est mûri et votre capacité d’emprunt validée, on vous recommande de sauter le pas. Les taux sont plus bas aujourd’hui qu’hier, tout comme les prix au mètre carré, qui ont connu un recul ces derniers mois dans de nombreuses villes et régions - ce qui n’est pas vraiment fait pour durer. Il est toujours possible de négocier le prix d’achat à la baisse en mettant en avant un dossier bien ficelé.
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