Guillaume Kasbarian, un nouveau ministre du Logement sous pression
Nommé ministre délégué en charge du Logement le 8 février dernier, Guillaume Kasbarian s’est vu confier une mission de taille : celle de redresser un secteur en crise. Au micro de RTL lundi, il a donné le ton en faisant ses premières annonces. Alors, à quoi faut-il s’attendre ?
C’est peu de dire que l’annonce de sa nomination a créé du remou parmi la classe politique comme dans le milieu associatif. Il faut dire qu’à presque 37 ans, le député Renaissance d’Eure-et-Loir s’est taillé une réputation pour le moins clivante.
Son principal fait d’arme concernant le sujet du logement remonte à l’an dernier. C’est en effet lui qui a porté la loi anti-squats en juin 2023. L’objectif de la mesure : protéger les propriétaires des squatteurs et des loyers impayés en alourdissant les sanctions encourues et en favorisant notamment les expulsions administratives accélérées.
Cela a causé une levée de boucliers de la part des associations de solidarité. Au sujet de sa nomination la semaine dernière, le délégué général de la Fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, a ainsi déclaré à l’AFP “espérer que le nouveau ministre sera plus attentif aux souffrances des mal logés et aux difficultés que connaissent nos concitoyens en matière de mal-logement qu’il ne l’a été au moment où il a porté une loi qui a fait beaucoup de dégâts”.
D’autres voix, situées à gauche de l’échiquier politique - notamment chez LFI - se sont élevées contre la nomination de ce “libéral revendiqué”, comme le présente certains médias.
Choc d’offre et simplification des normes
Le nouveau ministre du Logement a d’ailleurs repris ses mots, évoquant au micro de RTL lundi vouloir lui aussi un “choc de l’offre” afin de débloquer l’offre locative et le secteur de la construction neuve.
“On va s’employer dans les semaines et dans les mois qui viennent à simplifier les choses au maximum”, a-t-il déclaré. “Le choc de l’offre commence aujourd’hui”. La volonté est là, manque encore la feuille de route. Car dans ce secteur particulier, les effets d’une simplification prennent souvent des années à se faire ressentir.
Parmi les mesures de simplification d’ors-et-déjà annoncées, celle du DPE. En effet, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a indiqué vouloir sortir les logements d’une surface inférieure à 40 m² de la catégorie des passoires énergétiques (les biens classés F ou G). On en dénombre pas moins de 140 000. Pour rappel, dès 2025, les logements étiquetés G seront interdits à la location. Une décision qui fait écho à une suggestion faite par Bruno Le Maire en septembre dernier.
“Redonner confiance aux propriétaires”
Dans la crise qui touche actuellement le secteur du logement, Guillaume Kasbarian semble vouloir se tenir aux côtés des propriétaires. Ainsi, sur le sujet des logements vacants (la France en comptait 3 millions en 2023, soit une augmentation de +60% par rapport aux années 90 selon l’Insee), le nouveau ministre se dit “plutôt favorable à l’incitation” pour pousser les propriétaires à remettre leur logement sur le marché.
“Aujourd’hui, vous avez un certain nombre de propriétaires qui ne veulent plus louer”, a-t-il indiqué au micro de RTL. La cause selon lui ? “Beaucoup de complexité”, “d’embêtements” et “parfois d’impayés locatifs” ainsi qu’une “rentabilité parfois plus faible que d’autres types d’investissements”. “Si je me mets deux secondes à la place d’un propriétaire, je comprends que certains d’entre eux disent qu’ils renoncent à louer et préfèrent laisser vide leur logement.”
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Guillaume Kasbarian milite pour une réglementation plus incitative que punitive en faveur des propriétaires. En effet, en juin 2019, il avait réussi à faire voter deux de ses amendements minorant la portée du projet de loi énergie-climat. Ce dernier consistait à soustraire jusqu’à 5% du produit de la vente d’un bien immobilier mal isolé, afin de financer la rénovation de ce même bien.
Une mesure qu’il avait fustigée, indiquant qu’il était “attaché au droit de propriété” et dénonçant une “taxe déguisée” qui risquait de créer “des inégalités territoriales et sociales”.
Contre l’avis du gouvernement, celui qui était alors membre de la commission des Affaires économiques a suggéré de ne faire de ce projet de loi qu’une simple expérimentation de deux ans dans les zones tendues, et de repousser le début de l’expérimentation le 1er janvier 2021.
Quid des conditions d’accès au crédit ?
Il y a pourtant là une sacrée carte à jouer. Ne reste qu’à s’en saisir.